[critique] 12 Years a slave
3ème film du réalisateur Steve McQueen (II), 12 Years a Slave prouve une fois de plus le talent du metteur en scène.
Après un film sur l'addiction sexuelle et un sur les prisonniers politiques, McQueen choisit de parler de l'esclavage. On peut dire qu'il aime les sujets difficiles ! En même temps, ça lui réussit.
Un peu d'originalité pour un thème classique
L'esclavage a été largement traité au cinéma. Le sujet de l'enlèvement de noirs libres est plus rare. C'est cet angle que le réalisateur a choisi d'adopter et c'est une excellente idée. Le personnage principal, Solomon Northup (Chiwetel Ejiofor) sait lire, est éduqué, a du talent pour la musique. C'est horrible de voir des esclaves, quelques soit leurs origines, mais en choisissant un personnage comme lui, le sentiment d'injustice est encore plus fort. Cela montre à quel point les blancs racistes considèrent leurs esclaves comme des objets, des animaux sans conscience. C'est d'ailleurs une des difficultés qu'a Solomon : faire semblant d'être un ignare pour ne pas s'attirer de problèmes. L'enjeu dramatique est donc fort, on est révolté de voir ce personnage vouloir bien faire les choses, voire mieux faire les choses que ses maîtres, mais se faire battre car il ne respecte pas les consignes données (qui sont stupides). En parlant de ça on a l'occasion de voir Paul Dano dans un rôle qu'il maîtrise à merveille : le salopard avec une tête à claque qu'on a envie de buter.
L'éducation de Solomon permet aussi de montrer qu'il y a en fait deux groupes d'esclaves : ceux qui sont un peu éduqués et qui veulent se battre pour leur liberté et ceux qui sont totalement sous le joug de leur maître, car ils arrivent à penser qu'ils sont vraiment inférieurs à eux à cause de leur manque d'éducation.
Une réalisation sans faute
Avec des plans très fixes qui nous permettent de bien profiter des scènes, des émotions, du jeu des acteurs, le film est saisissant de réalisme. Le spectateur n'est pas épargné et voit des pendaisons, des coups de fouet mais aussi de magnifiques plans de paysages du sud-américain et de champs de coton qui apportent une certaine touche de poésie et qui contraste fortement avec l'action ambiante.
Les acteurs sont très bien dirigés et jouent tous très bien. Michael Fassbender, éternel partenaire du réalisateur, est un esclavagiste sans pitié, Benedict Cumberbatch est un homme éduqué, fin qui respecte ses esclaves, Brad Pitt est génial en abolitionniste avec son look hippie avant l'heure. Chiwetel Ejiofor, qui a fait pas mal de navets, est très bon dans le rôle principal. Il faut avouer que jouer pour McQueen doit être difficile car il aime les plans longs et fixes (comme dit plus haut), l'acteur doit donc garder l'intensité de son jeu pendant un certain temps tout en variant ses émotions. Et Chiwetel s'en sort très bien ! Enfin, il faut mentionner la très charismatique Lupita Nyong'o, qui interprète aussi une esclave admirablement alors qu'elle était totalement inconnue au bataillon avant le film.
Les décors, en nature et en ville, sont exceptionnels et cela permet de rendre le film très beau et poétique malgré l'horreur de ce qui nous est raconté à l'écran.
Conclusion
Un film poignant, porté par des acteurs et une réalisation exemplaires, qui montre que changer les mentalités est un combat difficile mais qu'il ne faut jamais perdre espoir.
Note finale : 8/10
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