[Critique] Rocketman... un film qui a les défauts de son genre

Publié par Guillaume le 28 Mai 2019

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A l’image de Bohemian Rhapsody, Rocketman fait partie des nombreux biopics qui ne servent à rien, malgré la formidable énergie de ses acteurs (Rami Malek pour Freddie Mercury, Taron Egerton pour Elton John).

Dexter Fletcher, déjà quelque peu rompu à l’exercice après avoir remplacé Bryan Singer pour la fin du tournage du film biopic sur Queen, a essayé de faire un film à l’image de son sujet principal : original, drôle, lyrique et fou.

Et c’est bien là où le bât blesse…

[Critique] Rocketman... un film qui a les défauts de son genre

En adoptant le parti pris d’être plus proche d’une comédie musicale que d’un biopic, le film ne nous apprend quasiment rien de la vie d’Elton John ou du moins ne fait que survoler les moments marquants de la vie de l’artiste.

Ainsi, on nous ressert une énième fois le pack de l’artiste maudit : enfance malheureuse, manager/amant manipulateur, la solitude et le manque d’amour menant à l’abus de divers substances… Pas le temps d’être original et d’aller dans le détail car il faut absolument montrer les différents costumes (certes magnifiques) confectionnés pour le film à partir des plus beaux vêtements de scène de l’idole. 

Et il faut laisser le temps à l’artiste de chanter ses malheurs, ce que fait Taron Egerton avec énergie et, il faut l’avouer, un talent vocal impressionnant (puisque c’est lui-même qui interprète une bonne partie des chansons du film).

Se servir des chansons d’Elton pour illustrer son état psychologique était une bonne idée. Cela aurait offert au spectateur, par exemple, la possibilité de découvrir avec originalité le contexte dans lequel les oeuvres de l’artiste ont été créées. 

Mais non. Dexter, tel un homme de l’espace, préfère survoler un maximum d’éléments à grands coups de séquences musicales qui s’enchaînent sans chronologie, sans ordre, sans réelle transition… Et c’est là le 2ème plus gros défaut du film.

Il oublie vite la structure classique du biopic pour se concentrer sur l’enchaînement de scènes montrant les grandes étapes de la vie d’Elton illustrées à travers ses chansons. Il n’est pas trop compliqué de suivre au début, commençant avec la participation du héros à une cure de désintoxication. Par ailleurs, sa relation avec son ami et parolier Bernie Taupin (Jamie Bell) agit comme un fil d’Ariane tout au long de l’histoire, avec les hauts et les bas qu’une relation aussi forte peut engendrer.

[Critique] Rocketman... un film qui a les défauts de son genre

Le reste est un bordel sans nom. Aucune date nous permettant de situer les séquences dans la vie d’Elton, le film ne prend jamais le temps de mettre en pause son rythme effréné face à l’ampleur des nombreux tubes que Dexter se sent obligé de passer, tel un album best-of de l’artiste. Les personnages qui gravitent autour du héros vont et viennent, heureusement que les costumes permettent, seulement pour les plus experts d’entre nous, d’avoir une vague idée de l’époque dépeinte dans les séquences. Le seul micro point positif est une relation homosexuelle entre Elton et John Reid (Richard « Robb Stark » Madden), son manager, montrée à l’écran.

Car en dehors de cela, le film est similaire à Bohemian Rhapsody, à savoir à ne jamais vraiment accentuer les traits de caractères, la personnalité ou l’homosexualité des personnages qu’ils présentent. 

Et pourtant il y a de la matière !

On parle d’un artiste qui a quand même sombré dans la drogue avant de trouver sa rédemption dans l’inspiration que lui donna Ryan White, renvoyé de son école à cause de son infection au virus du VIH. On parle d’un mec qui a participé à la BO du Roi Lion. DU ROI LION. Cela aurait été original de se concentrer sur cette époque particulière.

Pas une fois le film ne permet de réaliser l’ampleur du travail, du talent et de la carrière d’Elton John. Pire, le film est parfois d’une naïveté ahurissante, appelant les gros fils et sortant les violons pour montrer qu’Elton fait la paix avec lui-même.

[Critique] Rocketman... un film qui a les défauts de son genre

Le film est donc symptomatique des défauts habituels des biopics. Il se contente d’être une fiche Wikipédia visuelle et sonore de l’artiste, qui n’approfondit rien. On apprend donc pas grand chose, et on ressort de là assez ennuyé.

Note finale : 4/10

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