[critique] Warrior, les frères ennemis : la naissance d’un mythe !
Dès l’annonce du projet, Warrior a suscité l’envie et l’attente. Tom Hardy déjà fortement remarqué dans Bronson et Inception pour ne citer qu’eux, se lançait dans une nouvelle préparation physique extrême pour interpréter un combattant d’Ultimate fight.
Le succès de l'ultimate fight
Pour les néophytes, l’Ultimate fight ou free fight fait partie des arts martiaux mixtes. 2 adversaires s’affrontent dans une cage, et presque tous les coups sont permis, pieds, poings etc. A ses débuts, très peu réglementé, ces matches s’apparentaient à de la boucherie pure. Peu à peu ce sport a acquis ses lettres de noblesse et les sportifs méritent amplement leur appellation : combattant.
Car dans ce sport, plus encore que dans la boxe anglaise, la technique et le physique ne sont rien sans une endurance à toute épreuve. Celui qui gagnera est souvent celui qui saura le plus encaisser les coups. Alors que la boxe a fait l’objet de nombreux films, devenus des classiques, pour ne citer qu’eux, Raging Bull de Martin Scorsese avec Robert De Niro, ou la série des Rocky, les autres sports de combats ont plutôt eu droit à des séries B.
Le tournant est arrivé en 2008 avec The Wrestler de Darren Aronofsky.Mickey Rourke y incarnait brillamment un catcheur ayant connu la gloire, en pleine déchéance jusqu’à son chant du cygne.
L'histoire de deux frères
C’est avec tout autant de sensibilité, de justesse et de conviction que Gavin O’Connor s’est lancé dans l’écriture du scénario de Warrior puis l’a réalisé. Fasciné, à juste titre, par ces hommes prêts à se mettre en danger tous les jours dans la cage, il en a fait des héros, en scrutant les motivations de chacun, sans en faire des anges bien sûr. La question est posée plusieurs fois dans le film : « qu’est ce qui pousse ces grands sportifs à risquer de sévères blessures ? » l’argent bien sûr, le désespoir aussi. Ici l’action se concentre sur 2 frères séparés à l’adolescence, l’un a fait le choix de rester avec sa mère, l’autre avec sa petite amie. Une enfance difficile sous le joug d’un père autoritaire et alcoolique les avait soudé, l’adolescence les a séparé, pour creuser un fossé d’incompréhensions profond lorsqu’ils se retrouvent à l’âge adulte. Les 2 ont un talent certain pour le combat. Les 2 se battent pour gagner le prix, 5 millions de dollars, une somme qui éviterait l’expulsion pour l’un, pour l’autre, c’est plus complexe. On ne vous en dit pas plus. Le spectateur est donc tiraillé entre les 2, qui doit-on soutenir ? Ce dilemme renforce la tension et l’émotion tout au long du film.
Un tournoi, un combat exceptionnel
Jamais tournoi sportif n’aura été aussi intense au cinéma. La caméra vibre au rythme des coups reçus par les adversaires, au plus près de l’action, on souffre avec les héros. On angoisse avec leurs proches. Mais plus encore, le réalisateur développe peu à peu les personnages. Des héros complexes, touchants, parfois drôles, et surtout très attachants. Tous ces non-dits, ces secrets, ces haines qui existent dans toutes les familles sont ici démultipliées. La palme revient sans nul doute au casting. Nick Nolte peut prétendre à un Oscar, son interprétation est aussi sa catharsis, lui qui a si bien connu l’addiction à l’alcool. Il a rarement été aussi bon.
Joel Edgerton tient un rôle complexe, celui de l’outsider, qu’on n’attendait pas et qui surprend tout le monde. Son interprétation, à l’image de son personnage, gagne en puissance tout au long du film. Souvent cantonné aux rôles de seconds couteaux, il a enfin trouvé le film qui le révèlera au grand public. Le plus impressionnant reste Tom Hardy, qui a fait de son corps extrêmement musclé et presque monstrueux une arme de destruction massive.
Jouant de son expressivité naturelle, il adapte sa démarche, ses coups à chaque scène et devient l’incarnation même de ce sport. Félin, brutal, c’est avant tout un homme blessé qui attaque pour mieux se protéger et finira par briser sa carapace.
Warrior est un film dont on ne sort pas indemne. Le succès critique et public en fera à coup sûr très bientôt un classique, au même titre que Raging Bull. On tient le pari.
Merci à Louisa Amara pour sa critique !
Note finale : 8/10
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