[critique] True Grit... un western comme on les aime
True Grit est le nouveau film des frères Coen ("Big Lebowski", "Fargo", "No country for old men") et est l'adaptation d'un roman-feuilleton écrit par Charles Portis.
L'histoire se déroule en 1870, dans l'Ouest Américain, où une jeune fille de 14 ans, Mattie Ross (Hailee Steinfield) décide de faire appel à un vieux Marshall alcoolique (Jeff Bridges) et à un Texas Ranger (Matt Damon) pour venger la mort de son père et amener son assassin devant la justice.
Un trio inattendu
Le point fort le plus évident du film est ce trio de personnages assez impropable mais diablement efficace. Hailee Steinfield, dont c'est sa première apparation à l'écran, interprète avec brio une fille de 14 ans hyper déterminée, avec un fort caractère et très mature pour son âge, qui se retrouve dans un monde d'homme cruel et violent. L'actrice fait preuve d'autant de maturité que son personnage et trouve parfaitement sa place au milieu des "poids lourds" d'Hollywood que sont Jeff Bridges, Matt Damon et Josh Brolin. Ce qui frappe d'entrée, c'est de voir cette fille obligée de s'occuper du décès de son père et des problèmes que cela entraine, sa mère n'étant pas assez compétente. Non seulement Mattie Ross accepte sans rechigner cette responsabilité, mais elle le fait avec sérieux et détermination. On pense notamment à l'exquise scène de négociation entre elle et un commerçant qui s'occupait des chevaux du père.
Face à elle, un Marshall, vieux briscard alcoolique, qui décide de l'aider (moyennant finance) dans sa quête de vengeance. Jeff Bridges (qui avait déjà joué le cultissime Jeffrey "the dude" Lebowski pour les frères Coen) colle parfaitement au rôle avec sa barbe, sa voix grave et éraillée et sa carrure imposante. Son personnage est d'ailleurs assez intéressant, à la fois violent, drôle, affectueux et déprimé (sûrement à cause de son alcoolisme) avec néanmoins un sens de la justice et de l'héroisme : la scène de son duel face à 4 cow-boys est d'ailleurs impressionnante.
Il y a aussi le Texas Ranger interprété par Matt Damon (ça change de Chuck Norris). Il poursuit l'assassin du père de Mattie Ross depuis le Texas et est bien décidé à l'attraper. Sa première apparition est irrésistible tant son personnage a un côté absurde avec ses habits et ses manières. Mention spéciale pour Matt Damon qui doit parler avec un accent sudiste mélangé à un problème de langue (son personnage est en effet maltraité à un moment du film, ce qui lui vaut une belle blessure à la bouche) dont le rendu est crédible et amusant.
Ces deux "justiciers" si opposés et avec des interêts divergents vont apprendre à apprécier cette jeune fille attachante qu'est Mattie Ross, et cela donne une fin touchante et un épilogue émouvant.
Une ambiance particulière
Les frères Coen ont bien retranscrit l'ambiance "far west" avec la petite ville de Fort-Smith. Les décors sont en effet très crédibles et il n'y a pas de places pour les clichés. On n'assiste pas la scène du saloon avec le héros qui sirote tranquillement son whisky tandis que la musique s'arrête soudain lorsque le méchant entre et terrorise tout le monde sauf le héros. Les fères Coen préfèrent nous montrer une scène de pendaison, filmée très sobrement, et une scène dans un tribunal pour introduire le personnage de Jeff Bridges.
Puis arrive la chasse à l'homme dans le territoire indien, avec des paysages immenses et vides. Ce territoire sera le lieu d'aventures et de rencontres : un interrogatoire express dans une cabane, une embuscade, un duel (on est dans un western quand même!) et la rencontre avec un pendu, un indien et un mystérieux homme-ours.
Le choix de l'épilogue
La fin se passe très vite, l'action est haletante, Mattie Ross se retrouve dans une position inconfortable mais ses deux amis sont là pour l'aider. Puis les frères Coen décident d'arrêter là et de faire un bond de vingt ans pour conclure leur film.
Choix peut-être frustrant pour certains, mais qui est bien en accord avec le film puisque dès le début il est centré sur le personnage de Mattie Ross, c'est d'ailleurs elle qui raconte l'histoire en voix off. Que s'est-il passé ? Va-t-elle revoir ses anciens amis ? La conclusion est touchante et très sobre.
On peut dire que les frères Coen sont des brillants touche-à-tout, capables de parler de juifs américains très "middle classe" ("A Serious man") ou de créer un conte rendant hommage à l'Odyssée d'Ulysse retranscrit dans la Louisiane des années 30 ("O'Brother"). Ici ils parlent sobrement et efficacement d'une fille qui fait preuve d'un "vrai cran" et qui fera un voyage initiatique qui marquera sa vie à jamais.
NOTE FINALE : 7,5/10
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