[Critique] L'odyssée de Pi : le chef d'oeuvre d'Ang Lee
J'aurais tellement de choses à vous dire sur ce film, par où commencer ? Peut être en vous disant que c'est probablement un des plus beaux films que j'ai vu ces dernières années. Oubliez ce que vous savez de la poésie, de la solitude, du défi, de la survie, de l'aventure, du courage, de l'imagination, de la foi, oubliez ce que vous avez pu voir en effets spéciaux genre 3D (de Titanic à Avatar) jusqu'à présent ou simplement la beauté et la poésie d'une histoire.
Il aura fallu 4 ans à Ang Lee, le réalisateur de Raisons et Sentiments, Tigres et Dragons, Hulk ou encore Le secret de Brokeback Montain, pour sortir ce nouveau chef d'oeuvre sur nos écrans (dès le 19 décembre).
Synopsis : Après une enfance passée à Pondichéry en Inde, Pi Patel, 17 ans, embarque avec sa famille pour le Canada où l’attend une nouvelle vie. Mais son destin est bouleversé par le naufrage spectaculaire du cargo en pleine mer. Il se retrouve seul survivant à bord d'un canot de sauvetage. Seul, ou presque... Richard Parker, splendide et féroce tigre du Bengale est aussi du voyage. L’instinct de survie des deux naufragés leur fera vivre une odyssée hors du commun au cours de laquelle Pi devra développer son ingéniosité et faire preuve d’un courage insoupçonné pour survivre à cette aventure incroyable.
Bien que des extraits, des bandes-annonces complètes soient disponibles sur Internet, je vous conseille de ne regarder que le teaser ci-dessus pour ne pas trop en voir et vous laisser découvrir entièrement la magie d'Ang Lee au cinéma...
Une histoire digne d'une illusion
Vous me direz que le scénario est un peu tordu et vous aurez raison. Le film est l'adaptation du roman Best Seller "Life of Pi" de Yann Martel. Une histoire totalement loufoque qui fait pourtant appel à de nombreuses croyances, étapes de la vie et sentiments. Le livre est un peu complexe à comprendre et les nombreux passages de descriptions du naufrage sont plus centrés sur le ressenti du héro que sur le décor. Un défi qu'Ang Lee a relevé brillamment !
Et afin d'avoir un rendu émotionnel plus véridique, Ang Lee a fait participer un ancien naufragé à l'écriture du scénario : l'écrivain Steve Callahan, un rescapé d'un naufrage qui avait survécu 76 jours sur un radeau dans l'océan Atlantique. L'acteur principal à lui-aussi rencontré Steve Callahan pour avoir le maximum d'informations sur son expérience.
La découverte de deux acteurs
Il y a des destins qu'on n'explique pas. Un peu comme Sophie Marceau qui s'est faite repérée sur le casting de La Boom en accompagnant une copine, le jeune indien Suraj Sharma a été remarqué en faisant le pitre lorsqu'il accompagnait son frère à l'audition du film. Et on ne regrette pas car, même pour un premier film, Suraj est une véritable révélation et crève l'écran ! Il saura être présent, fort, faible, faire passer l'émotion ou la solitude, tout en gardant une place importante pour son comparse : le tigre !
"King" est un tigre du Bengal, un magnifique gros matou qu'on a envie de caresser... enfin, 2 minutes hein, parce qu'il sort assez souvent les cros et les griffes ;) Oubliez le ronron, ce "personnage" sera souvent reproduit en image de synthèse (allez faire tourner un tigre sur la flotte vous !) mais tous les mouvements seront reproduis sur les siens. Genre de motion capture (se baser sur des mouvements réels pour les introduire dans un monde virtuel). Le réalisme sera saisissant et plusieurs tigres seront "utilisés" pour les différentes étapes du film (chut, on ne vous en dit pas plus !). Tous ces félins seront dressés par le célèbre français Thierry Leportier qui a déjà travaillé sur de nombreux films et émissions de tv, mais aussi avec Ang Lee.
=> Nous l'avons rencontré et nous vous programmons une interview et visite vidéo de son "enclos aux félins" !!
(cliquez sur les images pour agrandir)
Un visuel qui change tout
Il est clair qu'au-delà du scénario et du jeux des acteurs, c'est bien le visuel qui prime surtout dans ce film. 4 années à mettre au point des scènes pour une technologie qui change tout le temps. Ang Lee a parié sur le temps et sa patience, il a eu raison, le rendu est fascinant ! On sent que l'animation n'est pas loin tant certains plans sont à la limite de l'irréel dans les couleurs, dans l'angle de prise de vue, dans la complexité de la réalisation : notamment les scènes de tempêtes (celle du naufrage va vous scotcher) ou les plans larges.
Il faut être honnête, depuis Avatar qui nous avait un peu bluffé pour l'époque, la 3D a été assez mal traitée au cinéma et surtout utilisée comme pompe à fric. Si si, soyons honnêtes ! Au mieux, elle n'apportait rien et ne nous dérangeait pas, au pire, elle nous donnait mal au crâne.
Ici, Ang Lee réalise encore une performance car même si le tigre ne sort pas de l'écran (non, ce n'est pas la 3D du Futuroscope les enfants !), la 3D apporte sérieusement de la profondeur sur les scènes. Le petit bémol est toujours (mais bon, principe de la 3D) sur la lumière. Elle gâche un peu la luminosité de certaines scènes qui, si vous otez 2sc vos lunettes, vous en mettent plein les mirettes ! Mais preuve que cette 3D est une vraie réussite, le grand James Cameron lui-même a félicité Ang Lee pour le rendu :
Certes, on pourra vous dire qu'il y a quelques longueurs (ça dépend comment on les prend) ou que c'est un peu trop tordu pour être crédible ou encore que certaines scènes sont difficiles à regarder (notamment avec les animaux, âmes sensibles comme moi, vous tournerez les yeux quelques instants). Mais je peux vous parier que vous aurez la larme à l'oeil plusieurs fois, que vous aurez des mouvements de recul, que vous aurez des frissons aussi. Croyez-moi, ce film est à ne pas manquer car un des meilleurs de la décennie !
Si ce film ne rapporte pas au moins un oscar de la réalisation, un oscar de jeune espoir et au moins un ou deux sur le visuel (effets spéciaux, photo, montage), alors là... #fingerscrossed
Note finale : 9,5/10
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