[Critique + making of] Detachment : le film qui vous accroche !
J'ai été invitée à l'avant-première du film Detachment, de Tony Kaye avec Adrien Brody. Avant même la bande annonce, le film m'intéressait déjà : l'histoire, l'acteur principal Adrien Brody que j'ai trouvé excellent dans "Le Village" et "Le pianiste", et le réalisateur Tony Kaye très connu pour avoir monté "American History X" ! Et pourtant, c'est la première fois que j'ai autant de mal à rédiger une critique. Vous allez comprendre pourquoi...
L'histoire : Henry Barthes est un professeur remplaçant. Il est assigné pendant trois semaines dans un lycée difficile de la banlieue new-yorkaise. Lui qui s’efforce de toujours prendre ses distances va voir sa vie bouleversée par son passage dans cet établissement...
Un sujet délicat et social
L'éducation, les profs, les élèves qui s'en foutent, les élèves violents, les adolescents perdus, les profs qui n'y croient plus, les profs malheureux, les parents qui s'en foutent, la banlieue... Cet univers mixé entre les grèves de l'éducation nationale en France et le film "Esprits rebelles" avec Michelle Pfeiffer est très pesant et nous met tout de suite mal à l'aise. S'ajoute à cette ambiance, le déclin des gens en général.
Dans le film, Henry Barthes (Adrien Brody) rencontre totalement par hasard, une prostituée de 16 ans qu'il va fuire puis finalement prendre sous son aile... tout en restant assez détaché. Encore un sujet et un personnage qui va attrister ce film un peu plus.
Et comme si ce n'était pas fini, le grand-père du personnage principal est mourrant, dans un hopital/maison de retraite. Les auxiliaires de vie désintéressées, le système pourri, la sénélité, les confessions d'un mourrant... Le décor du film est planté.
Un jeu d'acteur fascinant
Entre le personnage principal (Henri Barthes joué par Adrien Brody), la prostituée adolescente (Erica jouée par Sami Gayle), la lycéenne torturée (Meredith jouée par Betty Kaye), la proviseur qu'on vire (jouée par Marcia Gay Harden) et la psy des élèves (jouée par Lucy Liu)... les rôles sont très difficiles à jouer. Et pourtant, le trio du prof et des deux adolescentes est fascinant, attachant, étonnant ! L'implication dans l'histoire des personnages est réelle, rien n'est feint. On assiste à leur évolution comme s'il n'y avait pas d'écran. Mention "moins" pour Lucy Liu que j'ai trouvé assez peu adaptée dans ce rôle mais qui s'en sort pas trop mal au final.
Le spectateur impuissant, le cinéma de Tony Kaye
Tony Kaye est décidémment très bon pour vous procurer cette sensation de malaise, d'inutilité, de spectacteur presque coupable, de témoin gênant... Déjà dans American History X, le film était très dur. Avec "Detachment", encore une fois, l'atmosphère est pesante, on assiste totalement impuissant au déclin du monde et à l'évolution parfois tragique des personnages, tout en ayant une forte impression de déjà vu.
Rien n'est inventé, tout ce qui se passe est réel et se déroule déjà dans notre monde, hors de l'écran. Le réalisateur a cette particularité de dénnoncer les "malheurs" et la dureté de la vie réelle. Un cinéma à la fois authentique dans lequel il y a toujours une certaine évolution des personnages qui fait renaître une petite part d'espoir... bien que limité.
Dans cette partie, j'aurais pu vous détailler certaines scènes du film qui illustrent parfaitement ce que je vous dit, mais ce serait vous gâcher l'ambiance dès le début. Cette photo ci-dessous, qui pourrait s'appeler "le prof devenu invisible", illustre parfaitement le film :
C'est clairement un film à ne pas aller voir si vous n'avez pas le moral... Car vous allez prendre une sacrée claque ! Quand on ressort, on réfléchit, on a versé sa larme, on se sent mal... La musique accentue ce sentiment, ainsi que deux ou trois scènes très difficiles dans le film. Et pourtant, tout comme dans American History X, l'évolution des personnages et de l'histoire nous laisse une petite pointe de lumière que l'on exploite avec plaisir.
Même le fameux "Detachment" dont fait preuve le personnage principal dès le début, s'éfrite et laisse apparaître, même à petite dose, de nouvelles valeurs et une nouvelle vision des choses. On apprend beaucoup avec ce film, notamment qu'être "détaché" n'est pas forcément synonyme d'indifférence.
Personnellement, pour moi, ce film est une petite pépite d'authenticité qui, même si dérangeant, est une exemple de très bon cinéma réaliste. A voir, sans hésiter !
Note finale : 8,5/10
BONUS : 3 vidéos du making of
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