[critique] Interstellar... à la hauteur de ses ambitions ?

Publié par Guillaume le 31 Octobre 2014

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Un des films les plus attendus de l'année et pour cause ! Un réalisateur hyper talentueux, Christopher Nolan (Inception, trilogie Batman, Memento...), un casting impressionnant (Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Michael Caine, Jessica Chastain...), une histoire au souffle épique. La nouvelle oeuvre de Nolan est-elle à la hauteur de l'attente ?

[critique] Interstellar... à la hauteur de ses ambitions ?

Un film ambitieux...

 

Ambitieux, le film l'est avant tout dans son scénario. Une conquête spatiale menée par des gens désespérés, suite à la découverte d'une faille dans l'espace-temps ouverte par des êtres mystérieux, sous fond de drame à travers la relation très forte entretenue par un père et sa fille... Le film est très complet à l'heure où Hollywood aime la simplicité.

Ambitieux, le film l'est aussi par son casting. De nombreuses stars, ayant déjà fait leurs preuves dans l'industrie, qui acceptent de se réunir sur un projet de cette envergure, c'est une attitude à saluer.

Ambitieux, le film l'est enfin par les thèmes qu'il aborde. Centré sur l'humanité, avec tout ce qu'il y a de bon et de mauvais en nous, Nolan nous offre une vision assez juste de l'humain. Le sacrifice, l'abandon, la lâcheté, le dépassement de soi, le courage, le sens de l'improvisation, le sens de l'innovation, l'ambition, la colère... L'être humain est complexe et tellement riche. Mais Nolan s'attaque aussi à l'espace-temps, le voyage temporel, la relativité... qui sont des sujets très compliqués qui amènent souvent des incohérences scénaristiques majeures. 

[critique] Interstellar... à la hauteur de ses ambitions ?

... qui se donne les moyens

 

Filmé à la "old school" par Nolan, avec très peu d'effets spéciaux visibles (le film vieillira bien du coup) et des plans dans l'espace qui n'ont rien à envier à Gravity, une musique grandiloquente orchestrée par Hans Zimmer... Le film est assez irréprochable sur le plan technique. On sent bien la volonté de Nolan de faire quelque chose d'épique, de nous raconter quelque chose de grand, d'important. C'est une véritable épopée à laquelle on assiste pendant 3h que l'on ne voit franchement pas passer, avec des moments d'une extrême intensité, de forts moments de tension et parfois même d'émotion, portée par des acteurs quasiment tous justes. 

Nolan prend son temps pour raconter son histoire, il s'applique sur les détails, prend soin de faire bien les choses. L'histoire va crescendo, avec un démarrage sur Terre qui pose bien les bases, puis un envol vers l'espace pour la mission, jusqu'à la révélation finale qui conclut le film.

Il prend notamment son temps pour développer ses personnages principaux, et ne cherche pas à rentrer au plus vite dans l'action, ce qui est très plaisant.

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Aussi glacial que l'espace

 

Mon principal reproche sur ce film est son manque d'humanisme. Malgré ce que j'ai dit plus haut sur le fait que les thèmes sont particulièrement bien traités et que le film est techniquement irréprochable, Nolan n'a pas complètement réussi à insérer de l'émotion dans sa grande épopée. A part quelques scènes émouvantes, le principal défaut du film est qu'on ne ressent pas la nécessité de la mission.

La Terre est décrite comme en danger, l'humanité est décrite comme au bord de l'extinction, mais de manière trop subtile et trop racontée, pas assez montrée. On voit donc une école avec des réunions parent/prof tout ce qu'il y a de plus classique, des matchs de baseball... on entend parler de la disparition de l'armée, ou de la nourriture qui se fait de plus en plus rare, mais c'est tout. On voit beaucoup de poussière, un des seuls signes visibles que quelque chose cloche sur Terre. On ne sait pas comment tout ceci est arrivé, la population ne semble pas très inquiète, du coup la grande et noble mission d'explorer les confins de la galaxie à la recherche d'un nouveau départ semble assez futile.

Il tente même un discours sur l'amour, qui transporte les êtres et qui permet de se dépasser. Et il se sert de cette idée pour conclure son histoire, en oubliant le côté pragmatique porté sur la survie de l'espèce à tout prix qui était pourtant intéressant et qu'il avait assez mis en avant dans son histoire.

Nolan a peut-être eu peur de tomber dans le pathos, et a essayé d'éviter de le sentimentalisme à foison, ou peut-être était-il concentré sur les autres aspects, très réussis, de son film. C'est probablement la seule chose qu'il n'a pas réussi à maîtriser dans son oeuvre. Et c'est ce qui empêche le film d'avoir une dimension pleinement épique.

Point très noir sur le personnage de Matt Damon, que l'on voit arriver à 1000 mètres.

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Conclusion

 

Ambitieux, brillant, techniquement irréprochable, Nolan nous embarque dans son épopée spatiale sans problème. On ne s'ennuie jamais pendant les 2h49 de film. Interstellar est un paradoxe puisqu'il arrive à offrir un drame humain complet et très juste, sous fond de quête épique portée par de bons acteurs, une musique grandiloquente et des scènes magnifiques tout en étant finalement assez froid, et peu humain.

L'intérêt que l'on porte à la quête des personnages est lié au rythme et au suspens maintenu brillamment par Nolan, alors qu'il aurait dû être lié à l'attachement que l'on porte à notre espèce, à nos proches, en s'identifiant aux protagonistes. C'est pourtant ce vers quoi Nolan veut tendre avec la fin de son film. C'est comme s'il n'assumait pas complètement son choix de faire passer l'amour avant tout pour conclure son histoire. C'est ce qu'il manque au film pour que je puisse l'appeler "chef d'oeuvre". 

 

Note finale : 8/10

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