[critique] Stoker : beauté malsaine

Publié par Guillaume le 9 Avril 2013

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Ah Park Chan-wook, quel réalisateur génial. Old Boy, Lady vengeance, Sympathy for Mr. Vengeance... que de films incroyables. Mais le sud-coréen ne veut pas s'arrêter là et décide pour son nouveau film de le réaliser en anglais, une première pour lui, avec des acteurs dont il n'a pas l'habitude. Et il se débrouille très bien, nous montrant qu'il est capable, grâce à son immense talent, de relever le défi avec brio.

Le film suit India, une ado qui fait la connaissance de son mystérieux oncle suite à la mort de son père. Il s'installe avec elle et sa mère dans la maison familiale. Tout de suite intriguée par cet individu, elle se pose des questions sur les véritables intentions de ce dernier sans pour autant s'empêcher de ressentir une très forte attirance pour lui.

[critique] Stoker : beauté malsaine

Pour Stoker, le réalisateur s'entoure de Nicole Kidman, de Mia Wasikowska (que l'on a pu voir dans Alice au pays des merveilles de Burton) et de Matthew Goode (Charles). Peu connu, ce dernier, nous avait ébloui dans Watchmen, où il interprétait Ozymandias, l'homme le plus intelligent du monde (et pas non plus dégueulasse en combat, le bougre a tout pour lui). Goode s'attaque encore une fois à un personnage ambigu, et il excelle toujours dans ce rôle. A la fois très sexy et sensuel, très machiavélique et pervers, attirant et repoussant, il faudra attendre la fin du film pour savoir qui se cache vraiment derrière ce personnage atypique et fascinant.

[critique] Stoker : beauté malsaine

Ensuite vient Mia machin-chose (India), qui ne m'avait pas particulièrement pas enchanté dans Alice au pays des merveilles (mais ce n'est pas l'avis de Céline), qui se trouve être très bonne dans le rôle de la fille paumée sans son père (qui vient de mourir), à des années lumières de sa mère et qui trouve en son oncle un personnage énigmatique qui va bouleverser sa vie. Personnage ambigu aussi, elle va se révéler de plus en plus tout au long du film... C'est d'ailleurs une des forces de Stoker, ce crescendo permanent qui monte et monte sans cesse jusqu'au final explosif.

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Enfin, Nicole Kidman, qui a le même chirurgien plastique que Courtney Cox et Meg Ryan, gravite autour des deux personnages précédents, sans jamais les comprendre. Peu expressive à cause de son abus de botox, je trouve que ça lui permet de bien refléter son personnage tout en surface et en superficialité, qui effleure sans jamais percer la complexité de sa fille et de son beau-frère.

Et en fait heureusement qu'elle est là, puisqu'elle met en évidence, par sa différence avec les deux autres, la dynamique du duo India/Charles.

[critique] Stoker : beauté malsaine

Ce qui est assez frappant dans un premier temps avec le film de Chan-wook, c'est sa beauté et sa poésie. Plans du ciel, de la nature, ralentis, arrêts sur image, regards, dialogues fins, ce film est beau, attirant. Exactement comme le personnage de Charles. On sent que le réalisateur a peaufiné les moindres détails, preuve en est la présentation des acteurs au début, avec une belle police et une animation originale, ou même le générique de fin, qui démarre à l'inverse de l'ordre habituel. Il veut faire un film esthétiquement parfait, comme Charles.

Mais on se sent vite, malgré cette beauté censée être rassurante, mal à l'aise. On sait que quelque chose cloche dans cette histoire. On sent la tension s'installer peu à peu et on voit le crescendo de l'histoire, où la beauté laisse entrer la violence. Mais ne vous attendez pas à voir du Saw, ici c'est esthétique, c'est suggéré et on ne voit que rarement les actes un peu olé olé des personnages. Ce thème qui intéresse Park Chan-wook, celui des apparences parfois trompeuses, est vraiment bien traité et très plaisant grâce à l'interprétation des acteurs et à la réalisation soignée du film. Parmi les autres thèmes, on  en retrouve un que le sud-coréen a déjà traité, l'inceste. C'est ici très suggéré, il effleure avec intelligence le thème sans vraiment en parler franchement, alors que par exemple dans Old Boy il était beaucoup plus cru. C'est ça qui fait un bon film d'ailleurs, il est toujours aguicheur, toujours plein d'intensité et de suggestion, très allumeur mais il ne va jamais au bout. Là où ça aurait pu être frustrant dans d'autres films, ici c'est si intelligemment fait que ça passe comme une lettre à la poste.

[critique] Stoker : beauté malsaine

Mention spéciale sur la Bande Originale qu'on a beaucoup aimée aussi et sur certains plans qui nous ont visuellement rappelé Vigin Suicides !

Bref, encore un film réussi pour le réalisateur sud-coréen, qui montre qu'il arrive à se renouveler sans perdre en qualité, et nous présente un film peut-être moins "hard" que ses précédents, mais tout aussi cruel, intelligent, envoûtant et malsain. Très bien écrit, ce n'est autre que Wentworth Miller qui est à l'origine du scénario. Ca change de Prison Break ! A voir absolument !

 

Note finale : 8,5/10

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